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Quelle est la situation des Agriculteurs en France ?

La situation des agriculteurs en France n’est globalement pas au beau fixe. Si la sonnette d’alarme a été tirée à plusieurs reprises, les statistiques continuent de montrer l’état de crise du monde agricole. Pourtant, dans ce tableau noirci par un ensemble de chiffres négatifs, une lueur d’espoir : un lent changement des habitudes de consommation, accéléré par la crise sanitaire de la Covid-19, est apparu. Découvrez dès à présent ce qu’il en est !

 

Panorama du monde agricole français : quelques chiffres alarmants

L’agriculture française

La France est reconnue comme une puissance agricole à l’échelle mondiale : au niveau européen, elle assure 17% de la production totale. 

Pourtant, depuis la fin des années 90, l’agriculture française est en réelle perte de vitesse et le constat se fait alarmant. Ainsi, selon un rapport du Sénat, l’agriculture et l’alimentation ne représentaient plus que 5,5% de l’emploi en 2017 contre 12% en 1980. D’autre part, depuis 1960, 17% des surfaces agricoles ont disparu et l’hexagone a de plus en plus recours aux importations en raison de la stagnation des productions agricoles de France. Le risque de voir la situation s’aggraver davantage est bien présent. Notamment lorsque l’on sait que plus d’un tiers des exploitants agricoles est proche de la retraite. En l’espace de 50 ans, le nombre d’agriculteurs a ainsi été divisé par 4. 

 

Condition de vie des agriculteurs en France

Pour le monde paysan, les conditions de vie sont devenues quasiment insoutenables. Selon l’Agreste, un agriculteur français sur 3 touchait moins de 350€ par mois en 2015, bien en dessous donc du seuil de pauvreté déclaré par l’INSEE. C’est également près de 200€ de moins que le RSA. 

En conséquence, nombre d’exploitants agricoles dépendent des fonds de la Politique Agricole Commune (PAC, politique publique européenne mise en place pour soutenir les revenus des agriculteurs). D’ailleurs, la France est la plus grande bénéficiaire de ces fonds. D’après les estimations, 60% des agriculteurs auraient eu un revenu moyen annuel négatif en 2016 sans ces aides. 

De plus, ces derniers doivent bien souvent s’endetter pour survivre. Ainsi, toujours selon l’Agreste, leur niveau d’endettement a été multiplié par 3 entre 1988 et 2013.

 

Dégradation de la situation des agriculteurs en France : les origines

PAC et lois d’orientations

La dégradation de la situation des agriculteurs ne date pas d’hier, son origine remonte à une soixantaine d’années, suite à la mise en place de PAC et les lois d’orientations. 

Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, 3 objectifs majeurs étaient visés : 

  1. Réduire le nombre d’exploitations, notamment les plus petites ;
  2. Diminuer le coût des denrées alimentaires pour le consommateur ;
  3. Pallier le déficit agroalimentaire européen en augmentant les volumes de production. 

Conséquences pour les exploitants agricoles : la nécessité de s’agrandir et de se moderniser afin de pouvoir produire de plus grandes quantités vendues à prix plus bas. Tout cela pour éviter bien entendu de subir de trop grandes pertes face à de telles directives. 

 

Résultats à court et long terme 

Afin d’amortir le coût des nouvelles installations, les agriculteurs ont dû emprunter à grande échelle. Cette course à la productivité a entraîné une grande fragilisation des exploitations, les rendant peu à même de rebondir sans nouvel emprunt en cas d’incident (intempéries, crise économique, etc.).

Au début des années 80, la baisse des prix à la production s’accélère tandis que la surproduction fait son apparition (l’offre alimentaire dépasse largement la demande). Or, tel que l’explique l’association Solidarité Paysan, cela vient bouleverser le système de financement des exploitations. La fragilisation des agriculteurs s’intensifie alors, entraînant de véritables drames sociaux et familiaux. 

Aujourd’hui, ce fonctionnement reste inchangé et la dégradation de la situation des agriculteurs en France est accentuée par de nombreuses nouvelles normes et réformes. 

 

L’avant Covid : l’asphyxie des exploitants agricoles

La détresse des agriculteurs en France

Le bilan pour les exploitants agricoles français avant la crise sanitaire du Coronavirus était déjà très lourd. La succession de crises générées par les politiques agricoles a impacté de façon désastreuse les professionnels du monde rural. 

Dans un article de Convergence datant de 2017, magazine du Secours populaire, Jean-François Bouchevreau, éleveur à la retraite, témoignait sur la détresse des agriculteurs : 

«  Le résultat de ce système qui marche sur la tête ? Sur le terrain, les dégâts sont énormes et la pauvreté laborieuse s’étend. Toutes professions confondues, c’est dans le travail de la terre et l’élevage que l’on compte le plus fort taux de suicide. Il y a vingt ans, les difficultés affectaient surtout les petites exploitations, maintenant elles se sont étendues aux plus grandes. Les exploitants s’investissent alors encore davantage, en augmentant les heures de travail (…). Ils s’affaiblissent physiquement et leur capacité à analyser la situation et à prendre du recul s’amenuise assez rapidement. » 

Selon une étude 2019 de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), près de 2 agriculteurs se suicidaient chaque jour en 2015, soit un risque 12,6% plus élevé que pour le reste de la population. Les causes de ce triste bilan sont multiples :

  • Endettement
  • Fluctuation des revenus 
  • Conditions de vie
  • Conditions de travail
  • Isolement 
  • Manque de reconnaissance du métier 

 

Des mesures non respectées : l’exemple de la loi EGALIM

Dans l’optique d’un changement des pratiques de production et de consommation, et faisant suite aux États Généraux de l’Alimentation de 2018, la loi EGALIM avait été votée. Celle-ci prévoyait la promotion d’une agriculture plus saine et plus rémunératrice pour les professionnels du secteur, avec notamment la fixation d’un prix minimum de revient. Or aujourd’hui, force est de constater que, malgré les seuils définis par la loi, la grande distribution préfère payer des amendes plutôt que de les appliquer. Pour se faire entendre, les syndicats agricoles Jeunes Agriculteurs et la FNSEA ont porté plainte mardi 16 février 2021 contre les distributeurs et les grandes surfaces. Un acte pourtant reconnu comme « essentiellement symbolique » par le président des Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine, la grande distribution ayant en effet peu de chances d’être réellement condamnée. 

 

Les agriculteurs en France en 2020-2021 : retour sur une année sous Covid 

Pandémie et crise climatique

La crise sanitaire mondiale de 2020 a fortement impacté l’ensemble de l’économie. Le secteur agricole n’échappe pas à cette conclusion. D’après la Chambre de l’Agriculture, l’agriculture française est tout de même parvenue à assurer la continuité de l’approvisionnement des denrées alimentaires pour les consommateurs. Elle alerte toutefois sur les situations individuelles des agriculteurs en France qui laissent présager une plus ample dégradation (les chiffres ne sont cependant pas encore disponibles). Au-delà des problématiques diverses liées à la pandémie en elle-même, l’année 2020 a été frappée par des perturbations météorologiques extrêmes, affectant durement les cultures et récoltes. Par exemple, le volume des céréales récoltées cette année-là a baissé de 20%.

Alexandre Estivalet, agriculteur, témoignait pour Europe 1 : « La situation des agriculteurs est difficile. C’est très compliqué de joindre les deux bouts », « On travaille plus de 60 heures par semaine, avec peu de vie de famille. »

 

Vers une consommation plus durable 

Cependant, le bilan n’est pas entièrement négatif. La crise sanitaire de 2020 a entraîné des changements dans les habitudes alimentaires : circuit court, productions locales, consommation équitable… D’après un sondage réalisé par OpinionWay pour l’ONG Max Havelaar France, deux tiers des Français ont privilégié les produits responsables lors du confinement. Autres chiffres positifs : 

  • 45% préfèrent les produits locaux ou de leur région,
  • 39% favorisent les produits made in France,
  • 80% ont estimé qu’après le confinement, ils privilégieront une consommation responsable.

Blaise Desbordes, le directeur général de l’ONG estime en ce sens que : « L’une des leçons que nous enseigne la crise sanitaire actuelle est que nous sommes tous dépendants de ceux et celles qui cultivent et produisent les denrées alimentaires, que ce soit à l’autre bout du monde ou dans notre région. »

 

Maintien et renforcement des liens entre agriculteurs et consommateurs

L’annonce de l’annulation du salon de l’agriculture a fait grand bruit, tant du côté des agriculteurs que du côté des consommateurs. Salon le plus fréquenté de France, c’est un effet un événement très attendu chaque année. Véritable vitrine des savoir-faire de nos terroirs, il permet de recréer des liens avec les producteurs et in fine de remettre du sens dans nos assiettes. Afin de pallier cette annulation, des relais au salon ont été organisés : 200 fermes ont ouvert leur porte fin février afin d’accueillir des visiteurs pour les sensibiliser au monde agricole et échanger sur les pratiques paysannes. 

De telles initiatives se développent donc de plus en plus. 

De notre côté, chez Ô FERMIER, nous nous mobilisons depuis notre ouverture (fin octobre 2020). Ainsi, au-delà d’une rémunération juste et transparente pour nos agriculteurs partenaires, nous organisons, au sein du magasin, des rencontres avec ces derniers. Au programme  : dégustations de leurs produits et échanges autour de leur savoir-faire. 

 

Champ de blé dans les montagnes

 

Ainsi, si le constat global concernant les agriculteurs en France semble particulièrement négatif, de plus en plus d’initiatives proposant des modes de consommation responsables voient le jour. Locavorisme, priorité aux circuits courts, préférence pour les produits qui rémunèrent de façon juste les agriculteurs, désir de connaître l’origine de ce que l’on mange… La multiplication de chacune de ces pratiques témoigne d’une prise de conscience collective et dessine un avenir plus radieux pour celles et ceux qui nous nourrissent. 

 

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